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jeudi 12 janvier 2017

Hamon propose le revenu universel en échec en Finlande

La Finlande a commencé à tester le revenu universel

Et ce n'est déjà pas une affaire en Finlande !

C'est bien beau d'emprunter les idées "nouvelles" aux voisins, mais encore faut-il savoir dresser le bilan. 
Depuis lundi 2.000 sans-emploi ont commencé à recevoir 560 euros par mois en Finlande. Or, critiquée en Finlande, l’expérience est mise en veillefaute de... moyens financiers ! Depuis lundi, 2.000 Finlandais reçoivent  . Il en ira de même tous les mois à venir, jusqu’à la fin de 2018. 
Ces 560 euros supplémentaires non-déclarables, versés sur leurs comptes en banque, ils ne les ont pas réclamés: ils ont été tirés au sort pour servir de " cobayes" à une expérience censée évaluer les conséquences de l’introduction d’un "revenu de base", terme retenu dans le pays pour le revenu universel. L'objectif éventuel est de le généraliser à l’ensemble de la population finlandaise.  On n'en est pas là. 

"On ne sait pas trop où on va," avoue une responsable du ministère des Affaires sociales, Liisa Siika-Aho, alors que l’expérimentation ne fait que commencer. 
C’est pourtant à la demande du Parti centriste du Premier ministre Juha Sipilä, que l’idée d’un revenu de base - défendu en France, notamment par Benoît Hamon - a abouti après les législatives de 2015 dans le programme gouvernemental. Puis, il a fait son chemin jusqu’au Parlement, qui a approuvé le principe d’une expérimentation.

Nouveau modèle de société ou coûteuse utopie ?

Manuel Valls fait expérimenter le revenu de base à l'échelle du département de l'Isère depuis octobre. Et ce dispositif agite maintenant le débat de la primaire socialiste. Douce utopie ? Le conseil départemental de la Gironde a annoncé il y a quelques jours avoir lancé une simulation pour définir les conditions d’expérimentation d'un revenu universel de base. Comme premier ministre, Valls avait publié une tribune sur Facebook en septembre où il évoquait la possibilité d’instaurer un "revenu universel garanti" fusionnant "la plupart" des minima sociaux. Expérimenté sous différentes formes en Alaska, en Allemagne et Finlande, le dispositif interpelle sur la valeur travail dans nos sociétés hyper-protégées, voire assistées.
Qu’est ce que le revenu universel ?Revenu de base, allocation universelle, revenu d’existence, revenu citoyen… Les appellations divergent mais l’idée est la même : verser à tout citoyen d’un pays donné, sans aucune condition, une somme mensuelle fixe. Le Mouvement français pour le revenu de base le définit comme "un droit inaliénable, inconditionnel" (un de plus), versé "de la naissance à la mort", de manière individuelle, indépendamment de la situation familiale et financière du bénéficiaire et "cumulable avec d’autres revenus". Fixé à environ 700 ou 800 euros dans la plupart des projets, ce revenu pourrait s’ajouter à certaines allocations (par exemple l’aide au logement) ou les remplacer. Le dispositif aurait pour effet, selon ses défenseurs, d’éliminer la grande pauvreté en versant aux citoyens de quoi subvenir à leurs besoins vitaux (logement, santé, alimentation): niveler par le bas ! Chaque individu aurait la possibilité de travailler ou non, et pourrait occuper son temps comme il l’entend, en se consacrant à une ONG, une association, à une activité culturelle ou encore à sa famille.
Qui se distingue sur le problème du revenu universel ?

L’idée séduit les anarchistes mais aussi les...écologistes, en passant par les ultralibéraux ou les libertariens. 
Le revenu de base ou revenu universel consiste à verser à chaque citoyen une somme mensuelle fixe, sans condition aucune. (photo d'illustration AFP)Elle est portée par des acteurs politiques en mal d'existence, de gauche, dont le candidat socialiste Benoît Hamon qui pense avoir trouvé le sujet de campagne qui fera parler de lui dans la primaire, comme de droite, parmi lesquelles le député Les Républicains Frédéric Lefebvre, qui défend une allocation de "800 à 1.000 euros", pendant qu'on y est. 

Ses partisans défendent des visions différentes dépassant le clivage gauche-droite. 
Pour les libéraux, l’objectif du revenu universel est de rationaliser le système d’aide sociale (un autre mille-feuille), en englobant l’ensemble des prestations sociales existantes. Dans cette version, élaborée à l’origine par l’économiste Milton Friedman, le revenu de base doit rester faible, volontairement insuffisant, si le populisme électoraliste ne s'en mêle pas. Couplé avec une suppression du salaire minimum et des prestations sociales, il serait censé éliminer la grande misère, mais aussi à flexibiliser le marché du travail et à réformer un Etat-providence jugé inefficace. 

Pour les partisans d’une vision "émancipatrice" du revenu universel, pas question en revanche de remettre en question la protection sociale. L’allocation est vue comme un outil multi-fonctions donnant aux individus les moyens de se prendre en charge et incitant au développement d’activités non-marchandes, associatives (bénévolat rémunéré), culturelles (pipeau ou balades de découverte du patrimoine industriel), citoyennes (pour lanceurs d'alertes, fact-checkers ou citoyens ou voisins "vigilants"), tout sauf créatrices de richesses. C’est cette vision qui est défendue notamment par le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB, 2013) dont les membres sont liés par une charte et s'engagent à "encadrer" (contrôler) les élus des "communautés politiques en sorte que le revenu de base soit "distribué à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement."

Avec son association d'éducation populaire Réseau Salariat, le sociologue et économiste Bernard Friot, 70 ans, professeur émérite à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense, incarne de son côté une troisième voie, plus radicale et pensée comme une alternative au capitalisme, celle du "salaire à vie". Les richesses seraient mutualisées dans une caisse dédiée, chargée de redistribuer un salaire à tous les citoyens dès 18 ans en fonction de leur qualification, en se fondant sur l’idée que toute activité est créatrice de richesse, explique Slate. L'échelle des revenus serait de 1 à 4, soit de 1.500 à 6.000 euros. Stimulant ?
A propos, le 30 novembre 2015, Friot était parmi les signataires de l'Appel des 58 publié dans... Mediapart pour défendre la liberté de manifester pendant l'état d'urgence, décrété en France après les attentats de Paris. A l'initiative de Noël Mamère, Jean-Baptiste Eyraud (DAL) et Olivier Besancenot (trotskiste du NPA).

Quel en serait le coût pour les Français soumis à l'impôt ?

Et si le revenu de base n'était plus une utopie ?Le coût irait d’un peu moins de 200 milliards d’euros par an pour un montant autour de 500 euros mensuels à près de 400 milliards (soit un cinquième du PIB annuel de la France) pour 1.000 euros (voir d'autres évaluations ci-dessous).
Le sénateur EE-LV Jean Desessard, ex-Ligue communiste révolutionnaire et Parti radical de gauche, ancien animateur socioculturel et professeur de mathématiques, auteur d’une proposition de résolution pour l’instauration du revenu de base rejetée en mai, estime lui que le coût se situerait autour de 400 milliards d’euros par an pour un montant équivalent au RSA actuel, soit 525 euros.
Or, pour la Fondation Jean Jaurès, proche du PS, un revenu de base de 500 euros par mois coûterait 336 milliards d’euros aux contribuables (504 milliards pour 750 euros par mois  - ce qu'elle prône -  et 675 milliards pour 1.000 euros).

Pour financer ce coût, les partisans de l’approche libérale défendent une suppression des aides sociales et une refonte de l’impôt sur le revenu, qui ne serait plus progressif mais proportionnel dès le premier euro (fixé, par exemple, à 25% des revenus) et prélevé à la source. Le solde entre le revenu de base perçu par chaque individu et l’impôt sur le revenu payé par chaque individu serait positif pour les plus aisés et négatif pour les plus bas revenus. Ce qui reviendrait à comptabiliser le revenu de base comme un crédit d’impôt.
L’approche "émancipatrice" envisage, à l'inverse, un financement via une hausse de l’impôt sur le revenu pour les plus hauts salaires, de nouvelles taxes sur le patrimoine ou sur les transactions financières, une meilleure taxation des profits des multinationales, voire la création monétaire.

Les tests sur le revenu universel sont-ils positifs ?

Il est actuellement expérimenté sous une forme (très) alternative en Alaska. L’Etat américain reverse chaque année depuis 1982 les revenus du pétrole et du gaz... de schiste à ses résidents installés depuis plus de 5 ans. En 2015, ce revenu, nommé l’Alaska Permanent Fund, s’élevait à un peu plus de 2.000 dollars par personne et par an (environ 1.800 euros). Ce "dividende" citoyen fait débat, une partie de la classe politique proposant de réduire son montant afin de combler le déficit budgétaire de l'Etat, lié à la baisse du prix du baril.

Le Brésil a inscrit le revenu universel dans sa Constitution en 2004, comme un idéal à atteindre. Entre 2008 et 2014, une allocation, conditionnée à la scolarisation des enfants, a été versée aux familles les plus pauvres. Ce programme, intitulé Bolsa Familia, aurait permis d’améliorer le taux de scolarisation et de sortir de la pauvreté un très grand nombre de foyers. 

Depuis le 1er janvier 2017, la Finlande fait également une expérimentation visant à simplifier son système d’aide sociale : pendant deux ans, 2.000 chômeurs de 25 à 58 ans toucheront 560 euros par mois au lieu des différentes prestations auxquelles ils avaient droit. 

En Allemagne, seize citoyens tirés au sort perçoivent un revenu de 1.000 euros pendant un an, financé via une plateforme de crowdfunding. 

Les Suisses, en revanche, ont rejeté à près de 76% un projet de revenu de base à 2 000 euros, lors d’un référendum organisé en juin dernier.

Les mises en garde de ses opposants

Utopique et coûteux, le dispositif encouragera l’oisiveté, généralisera l’assistance et méprisera a valeur travail. 

Les marxistes craignent aussi que le revenu universel se transforme en instrument d’exploitation : d’un montant trop faible pour se passer de travailler, il offrirait au système capitaliste une "armée de réserve" où puiser des travailleurs partiellement rémunérés par un faible revenu d’existence, soulève le sociologue Robert Castel, qui s'appuie sur les analyses de Gorz (ci-dessus à droite) qui a mesuré les transformations du travail à partir des années 1970, devenant à ses yeux de plus en plus aliénant. Mais que changerait le revenu universel à la situation des intérimaires en nombre grandissant ?

D’autres, féministes conservatrices, redoutent aussi que le dispositif renvoie les femmes au foyer. L’expérimentation d’un impôt négatif, sorte de revenu de base allégé, aux Etats-Unis dans les années 1970, a en effet entraîné une baisse du temps de travail supérieure chez les femmes, assure Terra Eco, magazine en liquidation judiciaire...
Barbara Garbarczyk, qui milite pour l’instauration d’un revenu de base en Belgique, estime que malgré cet écart, ce dispositif "va dans le sens de l’émancipation des femmes" : un revenu de base, puisqu'’il est versé à chaque individu et non à chaque ménage, renforcerait l’autonomie et l’indépendance économique des femmes, particulièrement touchées par la précarité.

Ces divergences radicales vous donnent-elles envie de tenter l'aventure ? 


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