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mercredi 23 septembre 2015

François, le pape sous influence marxiste de la "théologie de la libération"

Le pape François et la théologie de la libération: les liaisons dangereuses ?

Sa Sainteté diffuse-t-elle la "théologie de la libération" 

Cadeau accepté
Le pape François désoriente la gauche radicale qui se surprend à le trouver à sa convenance...
A son arrivée à La Paz (Bolivie) le 08 juillet 2015, le pape François a d'ailleurs reçu un cadeau un brin provocateur du président socialiste Evo Morales: la réplique en bois d’un crucifix en forme de faucille et de marteau réalisé dans les années 70 par le père... jésuite espagnol Luis Espinal (1932-1980). Pour cette fois, il a échappé à une réplique de la sculpture monumentale érigée Place Vendôme: le "sapin de Noël" de Paul McCarthy...
Luis Espinal mena à partir de 1968, date de son arrivée en Colombie, un apostolat engagé auprès des pauvres, comme journaliste et réalisateur de films qui dénonçaient les injustices et les abus de la dictature militaire. Il participa également aux grèves des mineurs et des travailleurs. Le 21 Mars 1980, il fut enlevé, torturé, et finalement abattu sur ordre du dictateur luis Garcia Meza Tejada.

Ce crucifix 'revisité' souligne l'influence que put avoir sur l'Eglise latino-américaine la théologie de la libération, apparue dans les années 1960 en réponse à des situations de grande instabilité politique et d'injustices sociales criantes. Sa résurgence semble avoir frappé les esprits en éveil. 
4L du cardinal Bergoglio
Avant son entretien avec le président Morales, le pape François alla se recueillir devant la croix érigée à l'entrée du quartier d'Achachicala, à La Paz, où fut retrouvé le corps supplicié du prêtre, et loua le courage de ce défenseur du droit des opprimés: "Il prêcha l'évangile, cet évangile qui nous apporte la liberté, qui nous rend libre, comme tout enfant de Dieu."
En recevant ce présent, le pape laisse paraître un embarras certain, pourtant démenti le lendemain par son porte-parole, le père Federico Lombardi: selon les précisions du père Lombardi, ce crucifix n'aurait pas été, pour le père Espinal, un signe idéologique, mais le signe d'une réflexion intime sur le christianisme et le marxisme. "Il n'était pas communiste [disons qu'il n'était pas encarté], mais c'était une manière de chercher le dialogue avec les ouvriers et les paysans, qui était selon lui absolument nécessaire", déclara le père Albo, lui-même jésuite, un ami proche d'Espinal. 
"Il mettait cependant en garde contre la tentation d'idéologiser le message évangélique par une "réduction socialisante", "une prétention interprétative sur la base d'une herméneutique selon les sciences sociales, (qui) recouvre les champs les plus variés : du libéralisme de marché aux catégories marxistes".
Après le voyage du pape à Cuba et en Amérique du Sud, ses discours continuent de faire débat. Grand reporter au Figaro, Isabelle Schmitz rappelle quel fut le rapport du Cardinal Bergoglio à la théologie de la libération.

En acceptant ce cadeau, et en allant de recueillir sur la tombe du père Espinal, le pape François aurait-il légitimé la théologie de la libération?

Si l'élection du pape François, qui fit immédiatement le vœu d' "une Eglise pauvre et pour les pauvres", a été saluée par Leonardo Boff, l'une des figures éminentes de ce courant théologique, le pape argentin n'a jamais adhéré à la théologie de la libération telle que l'ont définie ses principaux leaders, (Gustavo Gutierrez en tête) dans le contexte tourmenté des années 1960: une "théologie contextuelle", qui, à partir d'une relecture marxiste de l'Evangile, conçoit l'histoire comme un processus de libération de l'homme, "qui conduit à une révolution culturelle permanente, à la construction d'un homme nouveau" et à l'établissement du Royaume de Dieu sur terre sous la forme d'une société sans classes.
Le Christ y est à la fois le libérateur du péché et le chef de file des révolutionnaires, parfois représenté, en croix, sous les traits de Che Guevara. Le pauvre de l'Evangile est entendu comme le prolétaire, considéré comme le seul interprète légitime de l'Evangile et comme le sacrement même du salut. C'est cette inversion fondamentale qu'exprimait le jésuite Joao B. Libanio, au IVe Congrès international de théologie (20 février-3 mars 1980) à Sao Paulo: "Avant, c'était le riche, ou l'Eglise, qui faisaient Grâce au peuple. Aujourd'hui, c'est celui qui réussit à s'approcher du peuple qui reçoit la grâce. Cette découverte: que le peuple simple, le pauvre, est le sacrement du Salut, est la grâce pour nous."

Tout en luttant pour la défense et le respect des pauvres, le cardinal Bergoglio n'adhéra jamais à cette herméneutique marxiste, et il rappela avec force la primauté de la foi sur toute vision "idéologisée" de la réalité et de la figure du pauvre. En 2007, il présida la rédaction du document final de la Ve réunion du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) à Aparecida, dans lequel il insista sur l'urgence d'annoncer le Christ à tous, et sur la mission des chrétiens à "faire de ce continent un modèle de réconciliation, de justice et de paix". Dans son discours au comité de coordination au CELAM, prononcé à Rio de Janairo le 29 Juillet 2013, le pape François rappelait la nécessaire conversion pastorale, qui impliquait de croire en Jésus Christ porteur du Royaume de Dieu, et de l'annoncer en adoptant "les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps, surtout des pauvres et de ceux qui souffrent" [un discours religieux que pourraient tenir les rabbins et les imams]. Il mettait cependant en garde contre la tentation d'idéologiser le message évangélique par une "réduction socialisante", "une prétention interprétative sur la base d'une herméneutique selon les sciences sociales, (qui) recouvre les champs les plus variés: du libéralisme de marché aux catégories marxistes".

La théologie du peuple dont s'inspire le pape François est-elle une excroissance de la théologie de la libération?

Arrivée du pape François aux Etats-Unis 
en Fiat 500 noire :
s'est-il assombri et embourgeoisé ?
La "théologie du peuple", que l'on a beaucoup citée lors du voyage du pape en Amérique latine, émane de la théologie de la libération (elle est née dans son sillage mais se présente comme "autonome") en ce sens qu'elle recherche, selon les mots de Bergoglio en 2012, "les chemins de la libération intégrale de notre peuple, en mettent en avant la nouveauté évangélique, sans tomber dans les réductions idéologiques". En aucun cas elle ne prône la lutte des classes. [Pas plus que la "théologie du peuple" n'est la théologie de la libération"...]

Elaborée par les argentins Rafael Tello et Juan Carlos Scannone (qui fut professeur de Bergoglio lors de son noviciat jésuite), elle porte une attention particulière aux pauvres et à la justice sociale, tout en se tenant "loin d'un idéalisme sur les pauvres, loin d'un paupérisme théologal", précise Bergoglio, mais accueillant la culture et la religiosité des gens ordinaires, leur piété, comme une richesse missionnaire et un don de Dieu.

Alors que les théologiens de la libération identifient le Peuple de Dieu au peuple comme classe, la théologie du peuple entend le "Peuple de Dieu" comme les peuples de la terre [suivez la filiation de l'expression passe-partout actuelle: "nous sommes tous des êtres humains"], chacun avec sa culture propre et son enracinement [d'où la justification de tous les communautarisme]. En Amérique latine, les garants de la culture et des valeurs de chaque peuple sont avant tout les pauvres. Ce sont eux qui maintiennent vivante la notion de peuple [dont se méfient pourtant certains, tel Michel Onfray], qui sont le plus attachés à leur culture [fut-elle infantile et superstitieuse]. D'où une sollicitude et une attention supplémentaires aux pauvres. D'où l'importance, pour la théologie du peuple que prône le pape, de l'évangélisation de la culture, et de l'inculturation de l'Evangile. En plus de la justice sociale et de la lutte évangélique pour le respect des plus humbles.

En charge du Figaro Hors-Série Isabelle Schmitz a fait pendant des années de l'information religieuse notamment à Spectacle du Monde et à Radio Vatican. Elle est l'un des auteurs du Dictionnaire du Vatican (éditions Robert Laffont, collection Bouquins) notamment sur les sujets qui concernent la théologie de la libération. Elle participe régulièrement à l'émission La curiosité est un vilain défaut sur RTL.

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