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jeudi 9 avril 2015

Journée contre l'"austérité": une grève invisible peut être une manifestation réussie, selon la CGT

Une "belle mort" du syndicalisme ?...

La France n'a pas tourné au ralenti jeudi, mais la CGT se satisfait d'avoir réussi son pari parisien.


Les quatre syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, UNSA) s'étaient tenus à l'écart et l'extrême gauche a peiné à mobiliser pour sa journée de grèves et de manifestations contre l'"austérité", lancée par quatre organisations syndicales contestataires (CGT, FO, FSU et Solidaires).

Philippe Martinez assure que le jeudi 9 avril aura démontré la force militante de la CGT. La centrale de Montreuil n'hésite pas à parler d'un "succès retentissant" et prépare un 1er-Mai unitaire. A Paris, des dizaines de milliers de manifestants (120.000, selon la CGT) ont défilé de la place d'Italie aux Invalides dans une marée de calicots et de drapeaux rouges mettant en évidence le déploiement de moyens et l'écrasante domination des cégétistes dans le cortège. La CGT, démontrant un vrai savoir-faire, avait bien fait les choses en faisant monter dans la capitale plus de 250 cars transportant 18.000 militants. La mobilisation des retraités, des fonctionnaires et des employés municipaux a fait le reste.

VOIR et ENTENDRE les a priori du service public de télévisions, avant le départ de la manifestation cégétiste:

Pour
Philippe Martinez, qui a mis cette journée à profit pour asseoir sa légitimité sur une centrale encore ébranlée par la crise interne qui a entraîné la démission de son prédécesseur, Thierry Lepaon, il s'agissait d'un test avec consigne aux militants de donner une image de rassemblement après avoir étalé leurs divisions. Les plaies nées ne sont pas encore pour autant cicatrisées et le secrétaire national de la CGT est toujours confronté, un an avant le congrès confédéral de Marseille, en avril 2016, à des remous dans plusieurs secteurs importants – santé, transports, énergie – de sa confédération.

300.000 manifestants, selon la CGT et en France

 
  A Paris, les manifestants anti-austérité... par lemondefr
En tête du cortège parisien, où se tenaient au coude à coude, au premier rang, Philippe Martinez, Jean-Claude Mailly, Bernadette Groison (FSU) et Eric Beynel (Solidaires), une banderole indiquait la couleur "contre l'austérité, pour les salaires, les services publics, l'emploi, la protection sociale". "Le mot d'ordre, a déclaré le secrétaire général de la CGT, c'est contre l'austérité et pour des politiques alternatives à celle du gouvernement et du MEDEF, revalorisation des salaires, réduction du temps de travail, tout ce qui fait en sorte qu'on puisse développer l'emploi."

Les rassemblements CGT en province étaient moindres que lors des précédentes journées d'action, comme celle du 18 mars 2014, organisée avec FO, la FSU et Solidaires, où 140 manifestations avaient eu lieu, contre 86 ce 9 avril. Les manifs de province auraient rassemblé, selon la CGT, 45.000 manifestants à Marseille (7.000, selon la police), 8 000 à Toulouse (4 000), 10 000 à Bordeaux (4.700), 7.000 à Lyon (4.200). Au total, la CGT parle de 300.000 manifestants dans toute la France (240 000 en mars 2014). 

En revanche, lancé par Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, 
l'appel à la grève interprofessionnelle est, lui, resté invisible

Jean-Claude Mailly : "Il faut que Manuel Valls réponde à nos revendications." 
La carte jouée par FO, celle de la grève interprofessionnelle, que Jean-Claude Mailly avait lancée en février lors de son congrès à Tours, n'a pas eu le même écho. N'ont été visibles que les grèves qui étaient sans rapport direct avec l'action du 9 avril, comme celles des contrôleurs aériens ou de Radio France. A la RATP et à la SNCF, il n'y a pas eu de préavis et les transports ont circulé normalement. La Tour Eiffel a été touchée de même que le musée du Louvre.

24% des enseignants en grève
Selon le SNUipp-FSU, 24% des enseignants des écoles maternelles et élémentaires ont cessé le travail -les irréductibles qui répondent présents, quel que soit le mot d'ordre- avec un pic à 50% à Paris et en... Seine-Saint-Denis. Plusieurs organisations d'enseignants, dont le SNUipp-FSU (syndicat dominant du primaire) et le SNES-FSU (syndicat du secondaire proche de la CGT qu'il suit dans toutes ses actions), ont appelé à cesser le travail pour dénoncer notamment le blocage des salaires des fonctionnaires depuis 2010.
A La Poste, on n'a compté que 6,65% de grévistes.
Hormis dans le ciel, où l'appel à la mobilisation coïncide avec un mot d'ordre lancé par le premier syndicat de contrôleurs aériens, les transports ont fonctionné normalement. La SNCF comme la RATP avaient d'ailleurs prévu un trafic normal sur leurs réseaux.
Alors que
Radio France est en grève depuis plus de trois semaines, un appel à la mobilisation a aussi été lancé à France Télévisions.

Si la CGT a fait état d'appels à la grève dans 800 entreprises publiques et privées – ce qui est faible par rapport au nombre d'entreprises –,
le secteur privé, peu représenté dans les cortèges, a été le grand absent. A la mi-journée, Pierre Gattaz, le président du MEDEF ("le renard dans le poulailler", selon Mailly, ci-dessous), qui avait été reçu le matin même par François Hollande, confiait que dans son entreprise, Radiall, il n'avait pas connaissance d'un appel à la grève. Les deux principaux syndicats sont pourtant la CGT et Solidaires qui revendiquent des hausses de salaires, de 6% pour la première et de 4% pour le second. Le patron des patrons n'excluait pas qu'il y ait un débrayage symbolique en fin de journée.

Un coup de faucille dans l'eau

VOIR et ENTENDRE le positionnement de FO, dont L'Opinion interroge le patron de FO (J.-Cl. Mailly confirme -aller à 5'20"- qu'il est, comme ses deux prédécesseurs, encarté au PS):
Les syndicats radicaux ne pourront pas échapper au débat sur les journées d'action à répétition. Depuis trois ans, les commentateurs socialistes tentent de démontrer que les salariés préfèrent exprimer leur mécontentement ou leur colère dans les urnes plutôt que dans la rue. "Le gouvernement devrait être attentif à ce qui se passe aujourd'hui, a déclaré Jean-Claude Mailly. Ou il écoute ou il n'écoute pas, c'est son problème. Mais qu'il ne vienne pas se plaindre après."
Même quand elle ne se solde pas par un échec, ce type d'action ne fait pas bouger le gouvernement d'un iota, insistent les commentateurs... "indépendants". Après la déroute de la gauche aux élections départementales, Manuel Valls a fait des annonces le 8 avril sur l'investissement et la création d'un compte d'activité, mais elles s'adressaient à son électorat et à Martine Aubry avant le congrès du PS, en juin à Poitiers. Les syndicats contestataires sont et restent exclus du spectre politique de l'exécutif. 
Au final, la journée du 9 avril est un nouveau coup d'épée dans l'eau.



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