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mardi 17 février 2015

Couverture médiatique des attentats: le CSA punit; les "mauvais élèves" ripostent

La vigilance du CSA se serait-elle trop longtemps endormie ?

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a distribué mises en demeure et avertissements aux télévisions et radios françaises

Ancien directeur de cabinet de Jospin à Matignon,
Olivier Schrameck, président du CSA,
par la volonté de Hollande
Le traitement de l'information sur l'attaque islamiste de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële par les djihadistes français le 9 janvier dernier est la plus grande source des sanctions données par le CSA aux chaînes de télévision et stations de radio françaises.

Or, les media pointés n'acceptent pas la critique et rejettent les mauvais points distribués par le CSA comme il en a le droit et la responsabilité. Plusieurs d'entre eux ont déjà ripostés au bilan plutôt négatif de la couverture médiatique qu'ils ont effectuée durant ces journées intenses.
"Le CSA nous reproche en quelque sorte d'avoir fait notre métier", interprète Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, radio de service public, jeudi soir, réquisitionnant l'antenne de la radio publique à des fins corporatives
Ce son de cloche qui résonne en écho chez ses confrères de France Télévisions où Thierry Thuillier, directeur de l'information débordé par le SNJ, déclare que "les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l'information dans notre pays". L'un comme l'autre emploient les grands mots pour masquer les maux qui se développent dans ces rédactions noyautées par le SNJ, au point qu'elles n'ont plus rien à envier à France Inter, bien connu pour un militantisme marxisant jusqu'ici sans égal. Mieux, Elise Lucet se flatte en outre d'être la femme journaliste "la plus redoutée"... La dérive est assumée.

Pas de "procédure contradictoire préalable"

Dans sa chronique hebdomadaire de vendredi, Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter (depuis 2014 et où il a fait toute sa carrière), critique le procédé employé par le CSA, qu'il qualifie de "baroque". Il rappelle notamment que les dirigeants des télévisions et radios de France avaient été convoqués par le Conseil le 15 janvier et avaient alors été félicités pour leur travail. "Un mois plus tard, bing! Le 'maître d'école' sermonne les élèves en public après les avoir félicités en privé," polémique

S'il ne remet d'aucune manière son rôle de régulateur en cause, Jean-Marc Four reproche au CSA de ne pas avoir demandé d'explications, au moment des attentats, sur les choix éditoriaux faits. "Dans son rapport final, le CSA nous [France Info et France Inter] reproche un seul fait précis: avoir annoncé en direct les affrontements à Dammartin-en-Goële, avec les frères Kouachi, alors que d'un autre côté, plusieurs otages étaient toujours sous la menace d'Amedy Coulibaly, à l'Hyper Cacher de Vincennes. Sous-entendu: cela pouvait mettre en péril la vie des otages." Le professionnalisme des journalistes n'est pas seul en cause: c'est plus précisément leur sens des responsabilités qui fait défaut. 

Mieux, le directeur de la rédaction de France Inter reproche au CSA de laisser la bride sur le coup de son équipe: "sauf que le Conseil ne nous a pas demandé pourquoi nous avions fait ce choix éditorial précis, au demeurant assumé. Autrement dit, le verdict est tombé sans procédure contradictoire préalable." Un faux procès qu'il fallait oser intenter et qui n'honore pas une rédaction jalouse par ailleurs de son indépendance.

Four n'hésite pas non plus à se plaindre que seules les radios et télévisions ont été sanctionnées. Et de dénoncer les sites internet d'information, et nommément celui de L'Express, qui ont également couvert les événements sans être punis. Dans la cour des grands, et comme ils se plaisent à le dire des autresces mentalités rappellent les heures les plus sombres de notre Histoire."


"On semble nous dire de ne pas informer"

Les media du secteur public ne sont pas seuls à protester contre les remontrances du CSA. Céline Pigalle, directrice de la rédaction de i-télé (groupe Canal+, privé) joue, elle aussi, l'incompréhension: "Est-ce qu'il faut qu'on renonce à faire de l'info en temps réel ? dramatise-t-elle. Avant de balancer: "On [c'est le CSA !] nous dit de ne pas rendre compte des événements à Dammartin, mais le direct du site du Monde va continuer. Personne ne prétend avoir été parfait, mais on semble nous dire ne pas informer." Une généralisation abusive qui dénote une grande mauvaise foi et une difficulté au dialogue. 
Un point de vue que semble pourtant artager Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1, qui règle des compte depuis que le CSA lui a refusé l'accès à la TNT gratuite: "Comment pouvons-nous informer, nous radios et télés, puisque nous sommes les seuls concernés par les sanctions ?" Ainsi ne savent-ils pas plus informer que tendre à plus d'objectivité.

Des protestations qui pourraient réveiller la vieille bataille du président du CSA, Olivier Schrameck. Ce proche de Lionel Jospin demande depuis 2012 que les "services de communication visuelle" en ligne, et donc les sites d'information comme celui du Monde.fr, entrent dans le domaine d'expertise du Conseil.

Une réunion au siège de TF1

Sur la même ligne, Marc Saikali, directeur de la chaîne de télévision d’information internationale France 24, se demande s'il faut "renoncer à rendre compte." Ce professionnel de l'information a clairement un problème d'aptitude, non pas au décryptage, mais à la bonne intelligibilité de sa mission...
Méprisant des vies humaines que les journalistes incriminés exposent, Saikali se gonfle d'importance. "Nous avons une mission internationale. Est-ce qu'on doit dire aux téléspectateurs d'aller regarder Al-Jazeera ou CNN, où l'info est tronquée? Ça nous décrédibilise à l'international, assure-t-il, comme si ses confrères n'étaient pas soumis aux même exigences. Tous les dictateurs du monde vont pouvoir nous dire: 'Vous voyez, vous n'êtes même pas légitimes chez vous.'"
Saikali était précédemment directeur de l'information régionale de France 3, après avoir dirigé France 3 Corse et la chaîne méditerranéenne par satellite Via Stella de 2008 à 2011. Cet arabophone, notamment franco-marocain, a fait l'essentiel de sa carrière dans le service public, particulièrement à France 3, en Normandie, en Ile-de-France puis comme rédacteur en chef du service étranger de la rédaction nationale de la chaîne.

La plupart des media respectent en revanche l'autorité de régulation. 
BFM TV, Euronews, RTL et RMC, chaînes privées qui ne sont pas installées dans l'arrogance et le défi syndical aux contraintes imposées par le service public, adoptent un profil bas. 
Peut-être se rendront-ils néanmoins à la réunion organisée mardi 17 février dans le locaux de TF1, au cours de laquelle les responsables de l'information des chaînes et radios mis en cause prévoient d'étudier une réplique commune au CSA, pourtant chargé de veiller au respect des personnes, comme ce fut le cas des trisomiques, en juin 2014.

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