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mercredi 16 juillet 2014

Christiane Taubira, c'est la justice d'exception, selon Philippe Bilger

Lourde condamnation militante pour bêtise ordinaire et appartenance politique 
Une candidate FN aux municipales avait comparé Taubira à une guenon 
Elle vient d'être condamnée à 9 mois ferme. Pour Philippe Bilger, le tribunal a perdu toute mesure. L'ancien magistrat réagit à la nouvelle dans Le Figaro.

Quand j'ai appris la nouvelle, d'abord je n'y ai pas cru.

Pour avoir comparé, au mois d'octobre 2013, la garde des Sceaux à une guenon, Anne-Sophie Leclére, ex-tête de liste FN aux municipales à Rethel, a été condamnée par le tribunal correctionnel de Cayenne à 9 mois ferme, à une amende de 50000 euros et à 5 ans d'inégibilité. Les réquisitions du parquet ont été dépassées.

Saisie par une association guyanaise
[fondée par la plaignante soi-même], cette juridiction a perdu toute mesure et a frappé de stupéfaction tous ceux qui judiciairement ont encore un peu de sens commun.

Le fait que cette affaire a été jugée à Cayenne n'a pas été pour rien vraisemblablement dans cette outrance. S'agissait-il de rendre justice ou de complaire à Christiane Taubira, ce qui en l'occurrence constituait une démarche alternative?

Anne-Sophie Leclere a été exclue du FN au mois de décembre 2013. Cet ostracisme n'était évidemment pas de nature à avoir une incidence sur la décision du tribunal correctionnel mais elle aurait pu intégrer cette sanction de nature politique en s'épargnant ainsi des foudres judiciaires exorbitantes.

En effet, comment ne pas insérer celles-ci dans un dispositif pénal général pour constater leur caractère de
répression surréaliste? Est-il nécessaire de souligner que pour des infractions beaucoup plus préoccupantes pour la tranquillité publique et l'intégrité des personnes, on connaît peu de jugements de ce type, surtout à l'encontre de prévenus n'ayant jamais été condamnés comme Anne-Sophie Leclère? Est-il même utile de rappeler que la justice pénale n'a de réelle légitimité que si elle sait mettre en relation, en lien le plus grave avec le moins grave, l'inacceptable avec le préjudiciable, les mots avec les actes?

Qu'on songe aux procédures ayant impliqué des politiques et qu'on examine la décision de Cayenne à leur lumière! On ne pourra que relever alors à quel point cette dernière a prétendu marquer le coup par
une justice pour l'exemple, ce qui est la pire des justices.

Surtout, au risque de susciter des critiques que j'assume, sans méconnaître un seul instant l'abject de cette comparaison animalière, je considère qu'il s'agit tout de même d'une perversion du langage, du langage seul, par une candidate aux municipales.

Cela ne représente nullement une excuse mais concrétise la frontière qui devrait absolument
séparer la délinquance et la criminalité matérielles des transgressions verbales. Celles-ci, aussi nauséabondes qu'elles puissent se révéler, restent cependant une délinquance de l'immatériel, offensent un être, sa dignité et sa psychologie mais ne détruisent pas une existence, dans son corps ou ses biens. Concrètement, tragiquement. C'est une perversion que de mettre sur le même plan, le même pied le mot sale et le comportement dévastateur. C'est ruiner la crédibilité de la justice et porter atteinte, par avance, à la multitude de victimes qui n'auront pas la bonne fortune d'être guyanaise et ministre et qui devront se contenter d'une répression ordinaire, souvent trop faible, précisément à cause du climat de mansuétude instillé par cette même garde des Sceaux?

Faudra-t-il bientôt, de fil en aiguille, de dérives en paroxysmes, s'abstenir même de déclarer ce qu'on pense de cette ministre?

C'est une justice d'exception dont elle a bénéficié. Pourtant, - l'ironie est tragique pour le peuple français - elle n'a pas été, n'est pas une garde des Sceaux exceptionnelle.

Bien au contraire mais à Cayenne, ça aide.

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