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lundi 14 avril 2014

Pas d'austérité sur les primes de cabinet du gouvernement Ayrault en 2013

Ayrault distribuait les primes à la louche, "avec détermination et sérénité"...

449 membres des équipes ministérielles se sont répartis 12 millions d'euros, de façon très inégale


Douze cabinets, dont deux de femmes -ceux de Filippetti ou Lebranchu-, étaient mieux traités que la garde rapprochée du premier ministre, l'an dernier.
Aurélie Filippetti, Manuel Valls, Cécile Duflot, Marylise Lebranchu, Bernard ­Cazeneuve, Vincent Peillon ou Fleur ­Pellerin ont dépensé les deniers publics sans compter en faveur de leurs équipes. Ils ont versé des primes plus élevées que celles accordées par Jean-Marc Ayrault à sa propre garde rapprochée à Matignon.

Parmi les 565 membres des cabinets du gouvernement Ayrault déclarés au 1er août 2013, 449 très précisément se sont répartis l'an dernier plus de 12 millions d'euros de "primes de cabinet", des rémunérations aujourd'hui officialisées, mais sur lesquelles continue de régner une certaine opacité. Les ministres les plus généreux ont distribué plus de 3500 euros mensuels (soit 42.000 euros par an) de revenus bruts complémentaires par collaborateur. Plus de deux SMICS par mois, en somme. En plus du salaire ! Et il ne s'agit là que d'une moyenne.

Le premier ministre, pour sa part, accordait une misère à ses collaborateurs: un peu plus de 2700 euros par mois et par personne en moyenne (soit 33.000 euros par an). C'est ce que révèlent les 100 pages de tableaux du dernier "jaune budgétaire" annexé au projet de loi de finances 2014 sur les "personnels affectés dans les cabinets ministériels". Un document aride et visiblement négligé.

À l'heure où le nouveau chef du gouvernement, Manuel Valls, dit vouloir traquer l'embonpoint dans les budgets de l'État, les primes ministérielles officielles témoignent de la générosité de la République -ses salariés et précaires- envers ses serviteurs. Et, pour ne pas ajouter aux aigreurs légitimes des contibuables, ne sont pas décomptés les personnels de cabinet chargés des "fonctions de support", tels les gardes du corps, chauffeurs, secrétaires, cuisiniers, serveurs, maîtres d'hôtel, femmes de chambre, le menu fretin qui représente environ 2500 personnes, et dont les primes oscillent individuellement entre 200 et 500 euros par mois.
Pour compenser les servitudes de la fonction

"Indemnité pour sujétions particulières" (ISP) 
C'est sous ce vocable pudique que l'administration qualifie les enveloppes qui se distribuaient autrefois de la main à la main et que Lionel Jospin a souhaité intégrer dans les fiches de paie des collaborateurs de ministres en 2001. Ces bonus sont accordés en principe pour compenser les servitudes de la fonction. Avec 42.000 euros de complément de revenu annuel par personne, c'est donc à la Décentralisation, chez Anne-Marie ­Escoffier, pourtant simple ministre déléguée de 72 ans, que les membres de cabinet étaient les mieux lotis en 2013. Cette landaise, sénatrice PRG de l'Aveyron, avait été préfète de l'...Aveyron ! Sans diplôme universitaire, après plusieurs années à l'université de Lyon. En février 2013, elle parlait d'or à La Dépêche: "Au fond, je ne pense pas être une femme politique. Je crois en revanche que je donne priorité partout à l'humain. Pour moi, donner un sens à sa vie, c'est la donner pour l'autre. Se sentir responsable et redevable envers son pays."

La bande à Filippetti arrive en deuxième position, à équivalence de primes.  Un "fromage", la Culture, quand le cinéma, dit-on, se meurt, que les artistes manquent de subventions et que les intermittents crient famine? Comme les autres, les intermittents du spectacle gagneraient à ce que la ministre maîtrise mieux ses dossiers et soit davantage présente, mais elle ne s'est pas oubliée pour autant. 
Où puise-t-elle les moyens de cette générosité, puisque le budget de son ministère pour 2013 était en baisse de 2 % par rapport à celui de 2012?
Indépendamment de sa prodigalité, elle a suscité une fronde anti-Filippetti... Après Frédéric ­Mit­terrand qui, dans les colonnes du ­Figaro, dénonçait le 1er juillet, une "politique dogmatique" Rue de Valois, Philippe Caubère s'est libéré dans une tribune assassine parue dans Libération du lundi 15 juillet 2013. Le comédien y dénonçait un manque de courage de la ministre de la Culture. Pis, il prêtait à l'ancienne députée de Moselle des "arguments démagogiques, creux", ainsi qu'un comportement "dictatorial, partial et immoral". Mais elle a été reconduite par Valls, celui qui entend et comprend !
Fille d'un ancien mineur de fond immigré d'Italie et maire communiste, cette socialiste s'est intégrée au-delà de toute espérance, a fait l'ENS et a enseigné à Versailles et Neuilly-sur-Seine. Elle dit cependant avoir pris des coups de son précédent compagnon l'économiste Thomas Piketty (cf. libellé), mais vit actuellement avec Frédéric de Saint-Sernin, ancien secrétaire d’État (UMP) et actuel président du Stade rennais football club. Elle s'est distinguée à maintes reprises pour des frictions avec Jéôme Cahuzac ou des voyages éclairs mais lointains, dont celui à l'Ile Maurice pour la Noël 2012 (lien PaSiDupes - Bling-bling: Moscovici, Fabius et Filippetti transgressent les consignes de l'Elysée, à l'instar de Cécile Duflot aux Maldives avec débauche de production de CO2.  
Le budget de la culture est annoncé en baisse de 2,8 % en 2014... Survivront-ils, ses collaborateurs et elle ?

La médaille de bronze échoit au cabinet de la discrète Sylvia Pinel, qui bricolait au ministère de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, versant 40.000 euros de primes annuelles en moyenne à huit des treize collaborateurs déclarés dans les documents budgétaires.

Jusqu'à l'équipe de Nicole Bricq, ­cette ministre du Commerce qui fit polémique en dénigrant la cuisine gastronomique de l'Élysée lors de la récente visite du président chinois à Paris, entre dans le "top 10" des ministères où l'on était mieux traité qu'à Matignon. Sa garde rapprochée a perçu en 2013 plus de 34.000 euros brut de prime par personne. "Pas si 'dégueulasse' que ça la cuisine ministé­rielle", ironise un préfet qui a bien connu cette limogée du nouveau gouvernement.

Christiane Taubira, Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marisol Touraine, Jean-Yves Le Drian, Najat Vallaud-Belkacem ou Stéphane Le Foll ont, pour leur part, été moins visibles et plus habiles, selon un haut fonctionnaire de Bercy, restant " dans les clous" en surfacce, ne lâchant guère plus de 2.200 euros de primes par mois  en moyenne à leurs troupes pléthoriques.

Parce que les moins bien dotés, les ministres les moins généreux étaient aux Anciens combattants ou aux Personnes handicapées, avec 1000 euros mensuels par collaborateur.
Et chez Michel Sapin, par chance, point d'obligation de résultats  
Ses collaborateurs s'estiment heureux de ne pas être primés en rapport de leur compétence. ­Ils ont tout de même eu droit à une rallonge de 670 euros brut mensuels, quand le ministre parlait beaucoup au ministère du Travail, sans parvenir à infléchir la courbe du chômage. À croire que sa propension à tenir serrés les cordons de la bourse le ­pré­disposait à occuper sous Valls les ­Fi­nan­ces et les Comptes publics.


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