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lundi 25 novembre 2013

Mauvaise foi d'Anne Hidalgo (PS) sur la fiscalité parisienne

La candidate socialiste conteste à tort les chiffres de Désintox 

Anne Hidalgo s'enfonce sur le terrain de la mauvaise foi. 

Interrogée à nouveau, ce dimanche sur RTL, sur l'augmentation de la fiscalité locale lors des deux mandats de Bertrand Delanoë, la candidate à la mairie de Paris a récité de nouveau ses chiffres, et a vivement contesté ceux que Désintox lui avait opposés. Voilà l'échange :

INTOX

"Il y a eu beaucoup de choses fausses dites sur les augmentations de la ville de Paris, affirme ainsi Hidalgo. Nous avons augmenté une première fois en 2009 de 8% les taux parisiens, puis une deuxième fois de 9% en 2010. Nous avons créé un taux départemental de 3% qui n’existait pas. Nous sommes aujourd’hui, parmi les villes de plus de 100 000 habitants, celle qui est la plus basse en matière d’imposition.

L'interviewer la relance : "Mais la taxe foncière a augmenté de 70 % ?"

- "Non, non, non..."

- "Ce ne sont pas les chiffres de votre adversaire, c’est Libération..."

- "Libération n’est pas non plus la Cour des comptes. C’est totalement faux, je vous ai donné les taux d’augmentation."

A revoir ici, à partir de 10'20" :
DÉSINTOX

Le journal socialiste n'est assurément pas la Cour des comptes, mais il se flatte de savoir compter, quand il ne s'agit pas de sa propre comptabilité. Il assure même que pour Anne Hidalgo, c'est moins sûr.

La candidate est dans le vrai quand elle résume les trois augmentations de taux qui ont touché la taxe foncière à Paris, même si elle inverse l'ordre des augmentations de 2009 (qui a été de 9% et non 8%) et 2010 (8%, et non 9%). Et il est vrai aussi que la ville a ajouté une taxe départementale de 3% en 2009 – car Paris est à la fois une commune et un département.

C'est sur la synthèse de ces hausses qu'Hidalgo bascule dans la mauvaise foi. Avec un bon sens qui n'est qu'apparent, elle en reste à cette équation qu'elle avait déjà énoncée une première fois – en réponse à Nathalie Kosciusko-Morizet, qui dénonçait une hausse des impôts de 40 % : "9+8+3, ça ne fait pas 40 !", avait raillé la candidate socialiste.

9+8+3, comme l'avait expliqué Libération, cela fait plus. 
Le taux de la taxe foncière était de 7,11% au début du premier mandat de Bertrand Delanoë. Il passe à 7,75% en 2009 (soit la première hausse de 9%), puis à 8,37% en 2010 (soit la deuxième hausse de 8%). En 2009, une taxe départementale est également ajoutée, correspondant à 3 points supplémentaires (ce qui n'est pas la même chose évidemment qu'une hausse de 3%, comme le suggère Anne Hidalgo). Ce qui nous amène à 11,37%. Soit une augmentation de 60% par rapport aux 7,11% initiaux.
Il faut encore ajouter le fait qu'il existait une part régionale (elle était à 0,87% en 2001, avant de passer à 1,27% en 2006) et que celle-ci a été supprimée et fondue avec la part départementale en 2011, moyennant une nouvelle légère hausse. Si l'on prend tout en compte, le taux de la taxe foncière est passée à Paris de 7,97% en 2001 à 13,5% en 2012. Soit une augmentation de 69%

Ce à quoi il faut ajouter la hausse des bases locatives, qui n'est imputable ni à la mairie, ni au département, puisque votée chaque année par le Parlement.

Il est curieux qu'Hidalgo refuse l'évidence... 
D'autant que, comme souligné par Libération, en dépit de cette hausse, les taux restent effectivement très bas à Paris en comparaison des autres villes. Dans un rapport très complet, l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), qui ausculte régulièrement la fiscalité locale, arrive au même constat : Paris est la ville qui a connu entre 2007 et 2012 la plus forte hausse de sa taxe foncière... tout en demeurant une des villes où les taux de cette même taxe restent les plus faibles.
Libération conseille Anne Hidalgo sur le moyen de tromper l'électeur

Hidalgo serait fondée à se défendre de tout matraquage fiscal en mettant en avant le fait qu'il n'existait pas de taxe départementale dans la capitale (ce qui est vrai) ou encore que les impôts locaux parisiens restent très bas (ce qui est encore vrai). Mais elle s'égare en contestant l'incontestable : les taux de la taxe foncière pour les Parisiens ont bien augmenté de près de 70% depuis 2001, maintient Libération.

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