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jeudi 31 octobre 2013

Otages d’Arlit : dessous d'une rançon versée

Le déni d'un Etat souverain qui délègue et paie à un étranger

L'Etat n'a pas versé d'argent "public" aux otages, selon Fabius

Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret sont arrivés, mercredi 30 peu avant midi, à Parisaprès trois ans de détention, et autant de mois de négociations, à compter du 16 septembre 2010, date de la capture de cinq Français, avec un Togolais et un Malgache, tous salariés d'Areva et de Satom (groupe Vinci), une opération de récupération de huit jours en octobre 2013 et le versement d'une rançon aux islamistes d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Les ravisseurs avaient demandé à la France de négocier le sort de ses otages directement avec Ben Laden et exigé le retrait de ses troupes d'Afghanistan: Oussama Ben Laden liait la libération des otages français au retrait des forces françaises en Afghanistan, qui permirent la libération de Françoise Larribe, malade d’un cancer.

Le 24 février 2011, la France obtient la libération de trois otages des sept otages retenus au Mali. La remise des otages, la Française Françoise Larribe, malade d'un cancer, un Togolais et un Malgache, a déjà lieu en "territoire nigérien".

Les dix-huit hommes, des Français et des touaregs, qui les ont récupérés à l'extrême nord-ouest du Mali, près des frontières mauritanienne et algérienne, ont quitté, le 21 octobre, la petite ville de Kidal, au coeur du Sahel, à bord de plusieurs véhicules
.

Le plan initial prévoit un retour entre les vendredi 25 et dimanche 27 au soir.
Le 20 octobre, l'armée française et les Bérets Bleus des Nations-Unies ont lancé une vaste opération de sécurisation depuis le sud vers l'extrême nord désertique du Mali, une zone infestée de groupes djihadistes.
Les ravisseurs devaient d'abord
regrouper les quatre otages qui avaient été séparés au mois de juillet. Puis de les laisser, seuls, deux ou trois jours, dans un endroit sécurisé avec de l'eau et de la nourriture. A un autre endroit, les preneurs d'otages devaient ensuite échanger l'argent contre les coordonnées GPS permettant de localiser les quatre Français. Le convoi est revenu à Kidal le mardi 29 octobre d'où les ex-otages se sont envolés pour Niamey, la capitale du Niger.
Apparemment en bonne santé, les quatre derniers otages français d'Arlit au Sahel ont été accueillis à Niamey, par les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius.

"Ni assaut, ni rançon" ! 

Le 21 mars 2011, les ravisseurs avaient fixé le montant de la rançon à "au moins 90 millions d'euros" et cette exigence avait été rejetée par la France. 

La veille de leur départ de Kidal,
des membres de la DGSE auraient remis la "contrepartie" à la libération des otages, " plus d'une vingtaine de millions d'euros" avoués, confiés aux membres du convoi, selon une source française bien informée. Pour les quatre derniers otages, les islamistes d'al-Qaïda ont-ils accordé un prix ? 

Hollande brouille les cartes 

L'arrivée du socialiste à l'Elysée rebat les cartes et ouvre une année d'incertitudes,
suivie de six mois de tractations ponctuées de négociations parallèles, de luttes entre des réseaux franco-français et d'une volte-face du président Hollande.
L'heureux épilogue de cette semaine trouve son origine au mois de décembre 2012. L'Elysée ordonne alors à Erard Corbin de Mangoux, le directeur de la DGSE, de "débrancher" un négociateur français qui alors tient encore le haut du pavé pour avoir fait libérer, en février 2011, les trois premiers otages d'Arlit. Jean-Marc Gadoullet, ex-DGSE reconverti dans la sécurité au Niger et au Mali, réactive ses contacts avec le groupe de ravisseurs dirigé par l'émir Abou Zeid.
Originaire d’Algérie, Abdelhamid Abou Zeid est le ravisseur qui a dirigé, en 2010, la prise d’otages à Arlit.  Considéré comme l’un des chefs les plus radicaux et impitoyables d’Aqmi, il est aussi l’un de ses idéologues d'alors.  Or, il a été tué début 2013 dans des combats à l’extrême nord-est du Mali contre les soldats français appuyés par des troupes tchadiennes dans le cadre de l’opération Serval. Mais Gadoullet n'obtient pas de meilleurs résultats ensuite, mais le conseil restreint de défense, à l'Elysée, le 29 décembre 2012, lui accorde néanmoins un répit jusqu'au 10 janvier, la veille du lancement de l'opération militaire française "Serval" contre les groupes djihadistes au Mali. Cette initiative aura pour effet de tout geler.

Les militaires prennent le pas sur le Renseignement 
Il faut attendre le mois de mai pour que soient relancées des négociations. Lors de l'opération Serval, la France compte un nouveau directeur de la DGSE, le diplomate Bernard Bajolet, Jean-Marc Gadoullet est officiellement écarté du dispositif, tout comme les entreprises qui employaient les otages.Le ministère de la Défense sous-traite la direction des opérations et soutient la solution présentée par Pierre-Antoine Lorenzi, un affidé de Laurent Fabiusnotamment, mais aussi de Michel Vauzelle à la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, puis comme chef de cabinet du garde des Sceaux quand celui-ci est nommé ministre de la Justice en avril 1992, et proche de Cédric Lewandowski, le directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian. Son parcours dans les cabinets ministériels ne lui interdisent pas de devenir le président de la société de sécurité Amarante, aujourd'hui sollicitée.

Ce "plan B" prend appui sur le Niger. Lorenzi travaille avec
Mohamed Akotey, homme de confiance du président nigérien, Mahamadou Issoufou. Il est également président du conseil d'administration d'Imouraren SA, la filiale Niger d'Areva - plus que jamais impliquée, donc - et neveu de Mano Dayak, un ex-chef rebelle touareg. Intermédiaire privilégié des groupes djihadistes de la région sahélienne, Mohamed Akotey était en relation avec Abou Zeid jusqu'à la mort de ce dernier, et a gardé le contact avec les lieutenants d'Abou Zeid.

Le Drian confie la direction du convoi français à un allié d'Abou Zied


Mohamed Akotey, 46 ans, figure touareg et ex-ministre nigérien, est en charge de la récupération des otages. 
Cet ancien étudiant en France appartient à la tribu des Ifoghas, un groupe touareg minoritaire au Niger, que l'on retrouve également au Mali voisin, notamment dans la zone de Kidal, et dont Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste Ansar Dine (défenseurs de l'islam), est issu. "Ses relations composées d'ex-rebelles touareg maliens et des membres de la tribu Ifoghas ont été déterminantes dans la réussite de cette mission", estime Ibrahim Mohamed, un ex-chef rebelle nigérien.
Il commence par mener les pourparlers avec Choureb, le successeur d'Abou Zeid à la tête de la Katiba qui retient les Français. Selon un membre des services de renseignement français au Mali, il a aussi le contact avec Mokhtar Belmokhtar, l'un des chefs redoutés d'AQMI. Les relations avec les ravisseurs ne sont pas aisées. Les Français ont tué leur chef, mais ils veulent être payés.

Au cours du mois de mai, Jean-Yves le Drian se rend discrètemen tà Niamey pour valider l'option Lorenzi-Akotey auprès du président Issoufou. François Hollande donne son feu vert, mais, à partir de juin, le directeur de la DGSE, entame  ses négociations parallèles avec l'Etat nigérienDeux services, méthodes et réseaux s'opposent sur des questions de personnes mais aussi sur des points de doctrine. Selon une source au ministère de la Défense, M. Bajolet (DGSE), fidèle à la ligne fixée par le chef de l'Etat début 2013, défendrait une ligne de discussions sans versement de rançon pour la libération d'otages.

Transparence: la rançon a été prélevée sur des fonds secrets 

Fin juin, la situation se tend entre le président nigérien et la ligne Hollande suivie par la DGSE. Troublé par le double-jeu mené par Hollande et Bajolet dans le contrôle du processus engagé,  Issoufou décide de mettre ses moyens aériens au service du duo Le Drian-Lorenzi-Akotey pour poursuivre les négociations financières avec les ravisseurs.

Lorsque la partie nigérienne estime que la négociation est ficelée, le président Issoufou appelle son homologue français et lui présente les termes d'un accord. 

On peut les sortir mais il faut payer,
affirme le président nigérien. Aux abois à l'intérieur, François Hollande donne son accord, contredisant ses déclarations devant les familles des otages d'Arlit en janvier auxquelles il assurait que la France ne paierait plus. Il restera au secrétaire général de l'Elysée, Pierre-René Lemas, de mettre le directeur de la DGSE devant le fait accompli. 
L'argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de Renseignement. La somme a été acheminée par la DGSE jusqu'à Kidal puis remise à Mohamed Akotey et aux hommes d'Amarante. Les services français apportent la logistique (voitures, armes, hélicoptères, avion). Amarante fournit les contacts locaux.

L'Elysée nie tout versement de "rançon"

Tout est dans les mots et les non-dits. Le ministère de la Défense, qui regrette en privé que le nouveau patron de la DGSE privilégie sa relation avec l'Elysée plutôt qu'avec son ministère de tutelle, a soutenu sans faille le duo Lorenzi-Akotey. 
Lors d'un entretien direct avec Hollande, le président nigérien a fait valoir qu'en retour, son aide pourrait lui valoir un coup de pouce dans ses négociations avec Areva. L'entreprise publique française refusait en effet jusqu'ici les termes financiers proposés par Niamey pour renouveler sa concession d'exploitation d'uranium avant la fin de l'année.

Bajolet et Lewandowski ont refusé de confirmer toute entente. L'Elysée a démenti à nouveau tout versement de rançon, mercredi.
Dès l'arrivée à l'aéroport de Villacoublay des quatre Français détenus au Niger, les ministres Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius ont donc été pressés de questions sur les conditions mises à la libération des quatre hommes.

Le Monde affirme, mercredi 30 octobre, qu'une rançon de plus de 20 millions d'euros a bien été versée, le ministre des Affaires étrangères a répondu, sur le plateau de TF1, qu'aucun "argent public" n'a été versé pour obtenir la libération des quatre otages. "Pour ce qui dépend de l'Etat français, il n'y a pas eu d'argent public versé", a maintenu Fabius. Selon l'article du Monde devenu inaccessible,la somme qui a servi à payer la rançon a été prélevée sur les fonds secrets alloués aux services de Renseignementrappelons-le
Le ministre a par ailleurs éludé les questions sur des versements d'argent d'un groupe privé, notamment d'Areva, l'employeur des quatre hommes, ou Vinci.

Interrogé sur France 2, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a lui aussi esquivé les questions, se contentant de répéter la ligne officielle selon laquelle "la France ne paye pas de rançon".

Le régime socialiste de Hollande instaure la transparence floue. 

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