POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

samedi 22 octobre 2011

Elections en Tunisie: passage de la dictature politique à l'asservissement islamiste ?

Vers la glaciation du "printemps arabe"



Le jasmin de la révolution tunisienne
risque de prendre feu:
ici au Cap Bon, depuis deux semaines



La raison vaincra-t-elle l'intox ?

Islamistes, comme laïcs, se présentent en défenseurs des femmes et en garants de la modernité...
Les principaux partis en lice pour les élections constituantes de dimanche en Tunisie, premier scrutin depuis la chute du régime de Zine ben Ali il y a neuf mois, ont tenu vendredi leurs dernières réunions de campagne.
L'assemblée élue dimanche par les Tunisiens aura une lourde responsabilité:
  • rédiger la nouvelle constitution du pays
  • former un nouveau gouvernement provisoire
  • avant des élections législatives et présidentielle prévues l'année prochaine.

    La formation islamiste Ennahda (renaissance) est déclarée favorite de ces élections constituantes, observées de très près: la Tunisie, dont la "révolution du jasmin" a lancé le "printemps arabe", est le premier des pays touchés par ce mouvement d'émancipation à se rendre aux urnes. " Le partisan d'Ennahda est modéré et pacifique, musulman et contemporain. Il veut vivre dans son époque mais veut vivre dans la dignité et en musulman ", a assuré le chef de file du parti islamiste, Rached Ghannouchi, lors d'un rassemblement organisé dans un quartier déshérité de Tunis en présence de plusieurs milliers de personnes. " Ils disent que l'islam est l'ennemi de la démocratie, des femmes, des arts et de la créativité, mais nous allons accroître les droits des femmes " a-t-il promis. Ses partisans ont scandé l'un des slogans de campagne d'Ennahda, " le peuple veut une nouvelle renaissance ".

  • Interdit sous le régime de Ben Ali, Ennahda se présente comme un parti islamiste moderniste inspiré de l'AKP, le parti de la Justice et du Développement (Adalet ve Kalkınma Partisi) au pouvoir en Turquie depuis 2002 et dirigé par l’ancien maire d’Istambul, Recep Tayyip Erdoğan. Depuis sa réapparition dans le paysage politique tunisien, Ennahda s'efforce d'apparaître modéré et d'endormir les craintes exprimées par les laïcs et les pays occidentaux, qui redoutent une régression pour les droits des femmes.
    Lien PaSiDupes: le maillage social du pays par Ennahda

    La démonstration de force des salafistes a justifié ces craintes
    Ils ont en effet manifesté il y a une semaine dans les rues de Tunis contre la diffusion à la télévision tunisienne de "Persépolis", dessin animé de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud où une des scènes fait apparaître un Allah incarné, a justifié ces craintes. Ennahda s'est empressé de se désolidariser des salafistes, mais les observateurs présentent cette formation islamiste comme le réceptacle naturel des mouvances radicales.
    Les islamistes ont également occupé l'université de Sousse: lien PaSiDupes

    Les principales forces en présence

    Non voilée pour la circonstance, une candidate islamiste d' Ennahda à Tunis, Souad Abdel-Rahim, rejette ces craintes. "Ennahda n'est pas qu'un parti politique, c'est la renaissance de la Tunisie via ce parti", a-t-elle martelé vendredi soir depuis la même tribune." Il n'y aura pas de renaissance de la Tunisie sans Ennahda, a-t-elle mis en garde. " Je suis fière d'être candidate sur leur liste ", a-t-elle poursuivi. " Sous Ben Ali, insiste-t-elle, les femmes et la laïcité étaient utilisées comme un outil de répression de toute forme d'opposition. Les femmes n'étaient que des chiffres; elles servaient seulement à la propagande. "

    Dans une salle de l'Ariana, à la sortie de Tunis, le Parti démocratique progressiste (PDP) de Najib Chebbi, deuxième force politique du pays, tenait lui aussi son dernier meeting de campagne. Lui aussi se présente comme le vrai défenseur de la modernité." Nous sommes sûrs que les Tunisiens voteront pour la modération, et pas pour l'extrémisme ", hasarde sa secrétaire générale, Maya Jribi. " La Tunisie doit protéger la flamme de la modération ", souhaite-t-elle, avant de lancer un "appel aux femmes": " Votez pour préserver ces avancées des risques que représente l'extrémisme." Dans l'assistance, un jeune homme brandit une pancarte: "Je suis jeune et Ennahda ne me représente pas. J'aime le PDP.
    "
    L’Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) dirigé par Mustapha Ben Jaafar, devrait également figurer en bonne place de ce scrutin.

    Les estimations
    Même si Ennahda l'emporte dimanche, comme ils s'y attendent, les observateurs estiment aussi que le système de représentation proportionnelle en vigueur devrait contenir son poids électoral aux alentours de 30% des suffrages. Le PDP espère lui franchir le seuil des 20%.
    Dans un cas comme dans l'autre, on se prépare déjà à la recherche d'alliances avec d'autres formations." Le PDP est prêt à gouverner, mais quel que soit notre pourcentage des voix, une alliance des forces démocratiques sera nécessaire ", a prévenu Nejib Chebbi.
    Une multitude de listes et de candidats
    Ils sont plus de 11 300 candidats. Rachid Ghannouchi, chef du parti islamiste Al-Nahda, a déjà menacé de représailles en cas de fraude avérée au scrutin. Déterminé à entrer au gouvernement, ce parti pourrait compter sur le renfort de quelques listes d'indépendants et d’alliés du parti islamiste Ennahda, donné favori.
    Sur les 1570 listes, 790 sont présentées par des partis politiques, 79 par des coalitions et 701 par des candidats indépendants. Les sièges seront répartis au niveau des 27 circonscriptions, dont 6 à l’étranger.

    Un risque de contre-révolution

    La campagne a été entachée de polémiques
    , dont celle suscitée par l'édition du 3 octobre 2011 du "New York Times" qui publia un entretien du Premier ministre par interim Beji Caid Essebsi –ministre sous la présidence d’Habib Bourguiba- déclarant vouloir "continuer avec le nouveau gouvernement".
    Lien PaSiDupes: tout, sauf le RCD de ben Ali ?

    Des déclarations cristallisent la crainte d’une contre-révolution
    A l’éventuel refus du gouvernement de transition de quitter le pouvoir, s’ajoute celui de la corruption. Malgré le plafonnement des sommes allouées à la campagne, certains partis ont rusé pour séduire l’électorat. Kadhem Zine El Abidine, représentant du cabinet du ministre tunisien de la Justice et des Droits de l'Homme, a indiqué mardi lors d’un point presse que " les dépassements de la loi relative à la campagne électorale ont fait objet de plaintes déposés dans certaines régions à savoir Nabeul (Nord- Ouest), Bizerte (Nord), Kasserine (Centre) ". Il déplore, entre autres, l’atteinte au droit de vote par l’achat de voix, les affiches illégalement placardées, la promotion politique au sein d'établissements publics.

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire

    Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):