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lundi 11 octobre 2010

Grève reconductible: la CGT, à l'épreuve de ses extrémistes

La majorité aime que la CGT-cheminots contre Thibault, le 12 octobre

Conflit d'intérêts syndicaux

La grève reconductible sera récupérée par la gauche de la CGT pour mettre le patron de la CGT à l'épreuve.

Le combat des chefs cégétistes sur le dos des travailleurs
Croyant affaiblir la position «responsable» du leader de la CGT, Bernard Thibault, la CGT cheminots a en effet choisi l’affrontement politique. Bien que la position de Bernard Thibault soit commune avec celle de la CFDT et d’autres syndicats dans les transports l'opération menée par les extrémistes sur la grève et les grévistes consistera à radicaliser le mouvement.

Avec à sa tête Sud-rail et FO, le front du refus de la concertation visera paradoxalement les secteurs d’activité qui sont moins concernés par la réforme des retraites: la fonction publique, notament.
Les responsables syndicaux véritablement 'responsables' voient un cadeau à Nicolas Sarkozy dans cette politisation du mouvement des travailleurs: elle risque fort en effet de conduire à la saturation et au retournement de l’opinion qu’il attend depuis plusieurs mois. Avec leur mot d’ordre de grève reconductible, les syndicalistes radicaux, Didier Le Reste et les autres (Jean-Claude Mailly et le Che-Besancenot), offrent ainsi au pouvoir l'occasion de ressouder autour de lui et donc de fédérer les droites. Même si la réforme des retraites est impopulaire, il n'est guère vraisemblable que le désordre social, s’il s’installait, parvienne à séduire une majorité de Français. La grève et les manifestations précédentes ont d'ailleurs démontré que le mobilisation plafonne: lien PaSiDupes
Déjà l'Unsa-Transport ne marche pas dans la combine de la grève reconductible et a annoncé son refus de se laisser entraîner.
Lien PaSiDupes

La réforme des retraites, une entreprise à long terme

La réforme ne se fait pas en un jour
Le chantier de la réforme des retraites n'a pas ouvert en 2010 et chacun sait que les difficultés du système ne seront corrigées qu'avec le temps, et qu'une dizaine d’années sera nécessaire. Ainsi, les Français ont-t-il déjà traversé la réforme Balladur, puis celle de François Fillon.

Les conceptions divergent
Alors que la CFDT préconise une retraite à points complétée, pour le socle universel, par la garantie de l’impôt, le gouvernement a choisi de colmater le système de répartition auquel le plus grand nombre est attaché et de jouer presque exclusivement sur les bornes d’âge (60/62 et 65/67). C'est à un combat symbole contre symbole que nous sommes conviés. Sarkozy rase l’un des derniers édifices de prestige de la gauche: la retraite à 60 ans.
La gauche, de son côté, ne s'est pas laissée prendre au piège d'une contre-réforme: ils en sont bien incapables et les experts travaillent pour eux. Contre toute raison et au risque de se faire justement accuser de «raser gratis», le PS fait simplement la promesse populiste de rétablir la retraite à 60 ans et ça marche ! D'ailleurs, les militants bloqueront et défileront et la majorité des Français marchera, sous la contrainte, pour ne pas perdre plusieurs journées de travail. La volonté d'une minorité de privilégiés, pour la plupart des fonctionnaires, s'imposera ainsi à la majorité des salariés.
Et passe à l'as la question du maintien du niveau des pensions, en cas de retour de la gauche au pouvoir et des retraites à 60 ans ...

La stratégie
Les syndicats CGT et CFDT avaient, eux, choisi une ligne réformiste: ne pas nier la nécessité de la réforme et se battre pour l’améliorer. En sachant que la retraite à 60 ans, considérée comme un avantage acquis, est en effet un symbole fort et fédérateur pour les salariés, quel que soit le prix à payer. Ils avaient donc, jusqu’à présent, évité l'attaque frontale et choisi la résistance passive, par une gestion très maîtrisée des manifestations et des journées d’action, réussissant à faire germer dans l’opinion l’idée d’une réforme injuste et d’un gouvernement sourd à l’injustice. La tactique permettait de mener à mai 2012, quand tout un chacun pourra dresser un bilan provisoire: quitte ou encore ?

La bavure radicale
Avec l'annonce d'une grève reconductible, et donc de l’entrée dans une zone de turbulences et d'incertitude graves, les syndicats se rendent responsables d'un affrontement bloc contre bloc dont ils ont moins à gagner que ne pensent les militants. Dans ce chantier syndical qui s'ouvre, les centrales syndicales pourraient bien livrer à Nicolas Sarkozy le ciment dont la droite a besoin avant le premier tour de l’élection présidentielle.

La gauche radicale se disqualifie

L'idéologie révolutionnaire fait voir rouge et brouille l'intellect.

Premier temps: le président élu choisit le thème de la retraite à 60 ans. Il ne s’agissait d'ailleurs nullement d’un engagement de campagne: jusqu'à la crise économique internationale et les pressions de l'Union Européenne, il avait promis de ne pas y toucher. Ce changement est donc à la fois pragmatique et hautement politique. A l'occasion, il peut en outre pointer l’absence de réalisme des propositions de la gauche, ou mieux, son incurable démagogie. Le président peaufinera ainsi son image de réformateur lucide et déterminé.

Deuxième temps: avec les discours sécuritaires, la gauche croit opportun de faire jouer les violons, puis les percussions sur le sort particulier des Rom pourtant clandestins. Elle ne réussit qu'à susciter un regain de demande pour «la loi et l’ordre», depuis la frange de l’électorat du Front national jusqu'au centre, favorisant un bon report de ces électorats sur le président sortant au deuxième tour. Dans cette opération qui commence le 11 au soir, la gauche ne parviendra (au mieux, mais en fait au pire) qu'à relancer l'abstention des centristes, modérés et incertains.

Erreur stratégique des extrémistes

Les grèves illimitées, notamment dans les transports, secteur exonéré de la réforme (!), ne manqueront pas de souligner le caractère politique de la mobilisation syndicale. Mieux cette radicalisation du mouvement pourrait bien permettre à la majorité de ramener à elle cette partie de l'électorat tentée de s’en détacher, mais qui, avec cette piqure de rappel, évaluera le danger que représente la gauche.

Il se pourrait fort que la grève reconductible dégrise ceux qu'enivre l’antisarkozysme ambiant, tandis que d’autres, romantiques de gauche, poursuivront leur rêve adolescent de révolution et d’espoir d’un grand soir social.

Dans la situation qui s'annonce cette semaine, tout devient possible.
Soit elle met en évidence une aspiration à l’ordre et profite au pouvoir en place. Soit elle conduit à un cataclysme social. Car, une fois lancée, la machine pourrait ne pas s'arrêter comme prévu le 16, date de la jonction de deux actions: lien PaSiDupes.
Or, à chaque fois que le PS se retrouve attiré sur les positions de l’extrême gauche, il repousse la perspective de l’alternance.
A compter du 12, les jours à venir seront un dur moment à passer, mais tellement chargés d'espoir pour 2012 !

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