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jeudi 14 février 2008

Des juges s'invitent dans la municipale de Paris V°

Sans attendre, les époux Tiberi sont renvoyés en correctionnelle
Une ordonnance de renvoi qui tombe à pic.
Dans l'enquête ouverte il y a plus de dix ans sur les faux électeurs du Ve arrondissement, onze personnes, dont l'ancien maire de Paris Jean Tiberi et sa femme Xavière, ont été renvoyées devant le tribunal correctionnel, à moins d'un mois des élections municipales.
Sans attendre les réquisitions du parquet de Paris
, des juges au-dessus de tout soupçon, dénommés Baudouin Thouvenot et Jean-Louis Périès, ont jugé ce mercredi matin qu'ils avaient trop attendu car l'une des personnes est décédée pendant que deux autres ont bénéficié d'un non-lieu. Nos deux juges zélés sont tout à coup à trois semaines près. Ils ont signé l'ordonnance de renvoi en correctionnelle de onze mis en examen dans ce dossier.
Coup du sort, parmi les 14 personnes mises en examen se trouvent l'ancien maire de Paris et actuel maire UMP du Ve arrondissement Jean Tiberi, candidat à un nouveau mandat aux prochaines municipales des 9 et 16 mars, mais aussi son épouse Xavière Tiberi, l'ancien secrétaire général de la mairie du Ve, Raymond Nentien, et plusieurs proches du maire.
Réagissant à son renvoi devant le tribunal, M. Tiberi a déclaré que les juges avaient agi "de manière stupéfiante, en pleine campagne électorale, c'est sans précédent".
L'information judiciaire avait été ouverte le 13 juin 1997 à la suite de plusieurs plaintes, dont celle de Lyne Cohen-Solal, candidate socialiste qui avait besoin d'un petit coup de pouce pour affronter M. Tiberi. Elle l'accusait d'inscriptions ou radiations indues sur les listes en vue des municipales de juin 1995 et des législatives de mai-juin 1997.
Le hasard faisant bien les choses, vous aurez pourtant deviné que Mme Cohen-Solal est tête de liste PS dans le Ve arrondissement pour les municipales de mars 2008. Il se trouve qu'elle ne communique plus: elle n'a pas souhaité faire de commentaire.
M. Tiberi avait été mis en examen le 21 mars 2005 pour présomption de "manoeuvres frauduleuses de nature à fausser la nature du scrutin". Présumé innocent, l'opération judiciaire pourrait bien avoir pour but de le condamner auprès des électeurs avant même le jugement des urnes et du tribunal.
L'avocate de la candidate socialiste a mis onze années pour sortir du coma judiciaire.
Les parties civiles avaient donc laissé passer les présidentielles et les législatives et attendu la municipale pour pointer, par la voix de Me Claude Pollet-Bailleux, l'avocate de la silencieuse Mme Cohen-Solal, le "délai anormalement long" entre la fin de l'enquête judiciaire et l'ordonnance de renvoi en correctionnelle des mis en examen. Les juges avaient conclu leur enquête en avril 2005 mais ce n'est qu'en décembre 2007 que les conseils de Mme Cohen-Solal ont planifié leur demande de rendez-vous avec la ministre de la Justice, Rachida Dati. Les juges ont finalement décidé, comme la loi le permet, de ne plus attendre les réquisitions du Parquet.
Evidemment, "par tradition républicaine, le parquet ne rend pas ses réquisitions sur ce type d'affaires dans des périodes pré-électorales", a justifié en début de semaine une source judiciaire. La preuve que les magistrats sont extrêmement indépendants du pouvoir, s'ils ne le sont du PS…
"Attendre plus de dix ans avant de renvoyer les responsables présumés d'une fraude électorale (...) constitue un triste record", a pour sa part déploré Me Vincent Toledano, avocat d'une des parties civiles dans cette affaire, Benoît Brasilier.

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