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dimanche 24 février 2008

Cérémonie des César: scène de guignol et tribune politique

Le cinéma primé n'est ni meilleur ni représentatif, il est PC
La soirée des César, vendredi 22 au théâtre parisien du Châtelet et retransmise sur …Canal+, était présidée et animée par deux cabotins à l'humour décalé mais très parisien, qui a viré au grincement tendance et tendancieux à la fois. Ces deux blasés las nous ont traînés pendant des heures: ils ne nous ont pas pris par la main, n'ont pas capté notre attention, nous ont laissés là, dans nos fauteuils froids, comme sous les tentes des Don Quichotte. Nous avons réalisé que le cinéma ne ne fait plus ni voyager les esprits ni vibrer les cœurs; il ne réussit pas à faire transporter, quels que soient les billets des vols exotiques en partance. Sans espoir de retour au pays.
Tout le monde reste au sol bagages aux pieds, tout est joué d'avance, bien avant que ne commence la représentation, le vol de notre soirée. Ni côté jardin ludique, ni côté cour interactif, privés de convivialité. A aucun moment la salle n'a frémi: le corps était déjà froid aux trois coups. Professionnels venus pointer, frères ennemis de la famille assemblés au bord du trou, cousins éloignés dans les travées, oubliés du palmarès absents, personnel domestique et technique à distance, larmes travaillées et hommages de cinéma, trucages et effets spéciaux subventionnés. La fête annuelle du cinéma fut un enterrement de troisième classe.

Le président croquemort Jean Rochefort (78 ans, trois femmes et cinq enfants) n'a pas trouvé là son meilleur rôle, mais sa participation résumera cependant sa carrière. Poseur désinvolte et pince sans rire british, pour les uns, odieux dilettante et clown pitoyable pour les autres, Jean Rochefort n'a été que le reflet de la France qui se lève tard et parcours sa vie sans pénétrer celle des autres. Les téléspectateurs ont aperçu un être hybride, au cinéma comme dans la vie, tout en grâce et affectation grand siècle, mais ambigu autant qu'on peut l'être, zappant de comédies à costumes à des bouffonneries à faux nez et passant du réel d'un élevage de chevaux de race à la fiction de la Rue de la Banque des mal-logés sous la tente.
Jean Rochefort, "L'Homme qui tua Don Quichotte", chercha-t-il à chasser de lui le mauvais sort le long du Canal St Martin. Jean Rochefort était en effet Don Quichotte dans le film maudit de Terry Gillian; or, il fut interrompu après 6 jours en 2000 suite à une tempête qui emporta les décors et à la hernie discale du cavalier Rochefort. Celui-ci a-t-il enfin conjuré le sort ?
Video (2006) d'un clochard du 16° arrondissement, honteux mais passif.
Quel est des deux le rôle de composition pour cet éleveur de chevaux, co- présentateur des épreuves équestres pour France télévision, dont celles des Jeux Olympiques de l'été 2004 et qui possède le Haras de Villequoy? Rien d'étonnant au vu du prix des places de cinéma... Le château de Villequoy, situé sur la commune d'Auffargis dans la charmante vallée de Chevreuse, peuplée de nantis arrivés ou héritiers, est une construction de la fin du 19ème siècle. Il se dresse sur un domaine dont on trouve la trace vers l’an 1004 et se dénommait Villecuites dans le Cartulaire de Notre-Dame de Paris…

Pour ses sketches inventifs, dans la lignée usée jusqu'à la corde de Canal+, les caméras se sont portées sur le pasticheur qui se met en scène en promeneur de cabot à la Hitchcock (rien que çà!) ou arborant les Ray Ban, façon…président ou …gentleman-farmer. Le cinéma des clichés et des paparazzi, le cinéma réaliste du caniveau. N'est pas Vittorio de Sica qui veut. Mais membre de la gauche caviar… qui n'a pas même un box libre dans son haras pour un mal-logé qui le disputerait à un cheval de race !

Mais le maître de cérémonie était Antoine de Caunes (55 ans). Celui-ci, qui avait déjà été affecté à ce rôle à plusieurs reprises dans les années 1990, succédait à Valérie Lemercier dont les prestations avaient marqué les deux précédentes éditions des César.
Après un triple hommage à une sélection de trois grands acteurs disparus en 2007 -Michel Serrault, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel- parmi bien d'autres? Antoine de Caunes a ponctué la cérémonie de quelques attractions dont il a le secret.
Ainsi, prétendant s'être emmêlé dans ses fiches, il a réclamé "un intermède" lors duquel une douzaine de Messieurs tirés à quatre épingles -dont le compère Jean Rochefort- ont promené leur chien sur la scène du Châtelet... Il a également invité la caméra à pénétrer dans les coulisses du théâtre, l'occasion de révéler un "envers du décor" festif, coloré et totalement anarchique, aux antipodes de l'ambiance guindée qui régnait dans la salle... A la fin de la cérémonie, en guise d'ultime signe de nostalgie, l'ancien joyeux luron de "Nulle Part Ailleurs" a invité les lauréats à se retrouver place de la Concorde pour un grand concert pour lequel, entre autres vedettes, Enrico Macias et Faudel étaient attendus... On stigmatisait gratis ce soir-là, mais dans le 'respect'! La lutte des classes est passée aux mains des nantis et les filons exploités à ciel ouvert sont algériens, les bons et les brutes. Et qui tenait les rôles des truands?

Le message politique de Jeanne Moreau
En robe Cardin des Restaus du Coeur du Canal St Martin, la comédienne, incontournable dans la séquence 'nostalgie' mais je n'ai rien à perdre et tout à gagner, déjà nantie d'un César d'honneur dans les années 90, a reçu, à l'occasion de ses soixante ans de carrière, une sorte de "super César d'honneur", remis avec beaucoup de sincérité et de fraîcheur par le jeune Melvil Poupaud, son partenaire dans "Le temps qui reste" de François Ozon. Cure de jouvance pour la vieille dame indigne. Elles se font rares, les vieilles gloires de gauche, et certaines sont ainsi appelées à resservir.

Le public du Châtelet, qui ovationna ensuite la grande Jââânne, l'encouragea à profiter de la tribune qui lui était offerte pour exprimer son inquiétude à l'égard "de mesures gouvernementales qui risquent d'affaiblir", selon elle, le cinéma français, un cinéma rebelle aux habitudes conservatrices de notaires de province: les saltimbanques sont désormais subventionnés et querelleurs! Ils réclament leur dû: chacun ses avantages acquis...
Attachée à la notion d' "exception culturelle française" pourtant vidée de son sens, elle a donc pointé la baisse des subventions publiques redoutée par les cinémas indépendants, contre laquelle quelque 200 salles art et essai protestaient, le soir même de la cérémonie, en baissant le rideau. Les cachets de Jean Rochefort, Gérard Depardieu, Carole Bouquet, Emmanuelle Béart et des autres seraient donc parvenus à affaiblir le cinéma de France.
Jââânne Moreau a dénoncé les "attaques" de "groupes puissants qui reprochent une concurrence déloyale" à des petites salles, faisant référence à plusieurs actions juridiques intentées par UGC - parfois rejoint par MK2.
La Grande Mademoiselle a enfin décidé de "confier" symboliquement son -lourd- César
à une représentante du cinéma français de demain, en l'occurrence la réalisatrice Céline Sciamma, auteur de "Naissance des Pieuvres", nommée pour le César du meilleur premier film qui présente les destins de Marie, Anne, Floriane, 15 ans, se croisant dans le secret des vestiaires quand le désir surgit. La scénariste est repartie bredouille au profit de …"Persépolis"!
Cette séquence soulève le problème, tu pendant toute la cérémonie, des acteurs amateurs et bon marché. Dans ce film comme dans "La Graine et le Mulet", les artistes ne coûtent pas chers et peuvent rapporter gros. Seront-ils correctement intéressés aux profits ou le prix des places va-t-il baisser notablement? Nous ne le saurons sans doute jamais.
C'est la contribution du cinéma engagé à la lutte pour la hausse baisse du pouvoir d'achat des employés à temps partiel des grands patrons de l'industrie du cinéma, tel Claude Berri , le Parrain, et co-producteur du film des enfants d'émigrés du film d' Abdellatif Kechiche, reconnaissant.
Oubliés à point nommé, ne manquaient que les intermittents! Les électeurs de France ont choisi la droite, mais doivent subir la gauche. Le cinéma français appartient-il à une minorité de privilégiés assistés et impudents?

Choisirons-nous de boycotter ce cinéma qui nous est étranger?

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