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mercredi 23 janvier 2008

Municipales à Dijon: Rebsamen s'offre à la gauche entière

Un ratissage large vaudrait mieux que l'ouverture
A Dijon, depuis l'annonce d'une conjuration 'fransciscaine', les électeurs craignent qu'on leur fasse le coup du Père François… Ce mauvais coup consiste à attaquer lâchement par derrière, ce qui est précisément le cas des candidats de la gauche à la mairie de Dijon, mais entre adultes consentants.
De source bien informée, Frère François Rebsamen convole avec un MoDem. A l'occasion de cette union, la Gazette, un hebdomadaire gratuit de Dijon, affiche les deux hommes dans un grand cœur rouge.
François Rebsamen et François Deseille s'unissent donc pour le meilleur et pour le pire, jusquà la municipale de mars, et plus, si affinité. Les deux François se sont promis l'un à l'autre: cette fois, le MoDem a accepté que le PS monte à l'étage le rejoindre, mais en passant par derrière. Un troisième François, François Bayrou, éternel troisième, tenait, dit-on, la chandelle. Mais un quatrième François s'était également joint à cette partie fine. La douairière du PS, François Hollande, chaperonnait en effet son n°2. Une véritable "gang-party"!
Seuls les François et les Françoise sont-ils électeurs à Dijon?
Les bans ont été publiés la semaine dernière. Les heureux pacsés sont le maire socialiste sortant et le président du Mouvement démocrate (MoDem) local. Leur union alimente les interrogations à sept semaines du scrutin.
La liste des invités à la noce ne sera connue que mi-février quand les témoins auront surmonté leur stupeur à l'annonce de ce coming-out. Mais déjà Nono Mamère le Vert s'est proposé, en tout bien tout honneur, pour célébrer la cérémonie, fort de son expérience qui lui avait valu une suspension d'un mois de ses fonctions de maire de Bègles pour avoir marié deux homosexuels, le 5 juin 2004. Pourtant, le PCF, qui ne sait plus à qui se donner, en serait aussi...
D'ici mars prochain, Dijon sera donc transformé en vaste lupanar politique, au grand dam des ailes gauches du PS et du PCF locaux et moraux. Quant au Chanoine Kir, il ne sait plus à quel saint se vouer.

Des alliances semblables ont certes été conclues à Grasse (Alpes-Maritimes) ou à Roubaix (Nord), mais Dijon, l'une des rares grandes villes qui a trébuché à gauche en 2001, a valeur de test. Car elle peut se relever.
Pour son malheur, les Dijonnais n'ont pas oublié que François Rebsamen, numéro deux du PS, a co-dirigé la campagne de … Désirdavenir Royal, qui pour la circonstance s'était parée de l'auréole de Jeanne d'Arc. La pucelle en est toute retournée! Huit mois après son échec avec François Bayrou qui a repoussé ses avances, Frère Rebsamen tente de réussir le rapprochement que Royal a manqué lors de la présidentielle. François Deseille serait-il moins farouche ou Rebsamen plus entreprenant?
En mai, la candidate socialiste avait posé les jalons d'une gauche qu'elle voulait "arc-en-ciel" et gaie, du vert écologiste au rouge socialiste en passant par l'orange, couleur fétiche de François Bayrou, qui a recueilli à Dijon près de 20% des voix, soit mieux que sa moyenne hexagonale. Il fallait donc bien neutraliser le MoDem. Frère Rebsamen pense-t-il que Dijon vaut bien une messe rose?
Certains estiment donc que le PS est prêt à perdre son âme, bien qu'ils ne l'aient pourtant jamais vue. "C'est dans la tête de beaucoup de gens ici", assurent-ils. "Avec ce genre d'alliance, il veut prouver qu'on peut battre la droite localement mais aussi au plan national (...) Son idée, c'est une grande fédération de la gauche", renchérit une conseillère municipale sortante.
Les électeurs de Dijon seront donc des rats de laboratoire, selon une dirigeante humiliée du PCF dijonnais. Elle prépare une consultation des 170 adhérents locaux, pour ou contre la liste "Dijon Ensemble", qui serait synonyme d'une réduction du nombre de candidats communistes. Ils étaient cinq sur 55 en 2001, mais ne seraient plus que trois en mars prochain. Une bonne affaire pour l'union de la gauche, en voie de rénovation.
François Rebsamen affecte de ne pas craindre un vote-sanction. "On leur a fait le programme le plus à gauche qu'ils aient jamais connu à Dijon", ricane-t-il, justifiant probablement ainsi la soumission du MoDem! Il souligne, notamment, son bilan en matière de logement social (23% de construction en sept ans). Les bénéficiaires lui seront-ils aussi reconnaissants qu'il l'espère?... On sait d'ailleurs à la mairie qu'il ne sait pas compter. Il l'a avoué et une vidéo en témoigne
VOIR et ENTENDRE le gestionnaire (1er octobre 2006):

Si le MoDem l'a rejoint, c'est "le signe d'un bon bilan et d'une gestion reconnus par une large majorité", a-t-il affirmé à ses partisans mardi soir, essuyant quelques sifflets de la part de ceux qui sont déjà conscients du larguage du PCF, qui ne partage pas les mêmes moeurs.
Frère Rebsamen a un goût prononcé pour le vélo, comme Bertrand Delanoë,
mais n'a pas pensé à baisser le prix des transports publics de Dijon pour lutter contre la pollution.

De virulentes attaques viennent de l'intérieur, de Razzy Hammadi, le secrétaire national du PS à la "riposte" centripète! Il l'accuse de "bafouer l'orientation stratégique" du parti.
Laurent Fabius dénonce, sans le nommer, des "oeillades à la droite", confirmant une activité débridée.
Serein, l'édile bourguignon se défend d'avoir enfreint les règles édictées par la direction nationale du PS: selon lui, aucun accord n'a été passé de parti à parti, le projet et les alliés traditionnels sont respectés. Encore fallait-il le dire pour le croire. On dirait que le débat participatif avec le PCF sera chaud.
De plus, sans lubrifiant, les alliances entre les deux tours, "c'est souvent plus douloureux", prévient cyniquement le maire sortant, persuadé que le MoDem sera "très courtisé" par les socialistes après le 9 mars. "Cela coûte plus cher en places et surtout les revendications, il faut les avaler". Outre 'Guillemette Deseille', les Verts et le PCF devraient être les dindons de la farce de Maître Pathelin.
Localement, on accuse également François Rebsamen de pécher par ambition personnelle, pour remporter le scrutin dès le premier tour. "Est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu une victoire en deux tours sans manoeuvre politicardes", s'interroge Florent, encarté à Dijon depuis cinq ans.
Dans les sections PS de la ville, "le débat a été virulent" mais un adhérent déplore que la base a participé à une sorte de 'débat participatif' inauguré par Marie-sEGOlène et ses semblables, une mascarade dans laquelle les militants n'ont pas eu leur mot à dire. Les "chefs ont succombé au poids médiatique" de François Bayrou qui va "au gré du vent selon les villes", déplore-t-il. Encore un qui souffle dans le sens du vent qui pourrait lui éviter un trou d'air fatal.
"Convergences programmatiques", assure à sa façon le centriste local, pantalon sur les chevilles. Car François Deseille craint la droite locale. "Ce n'est pas une liste clanique, partisane", se rassure le farouche anti-Sarkozyiste, bien qu'il se frotte à la gauche et aux écologistes. Il ne rêve plus que de sept places sur la liste "pluraliste" fourre-tout... Le maire PS envisageait « un désistement au second tour pour celui qui arrive en tête ». En se soumettant au socialiste Rebsamen, le MoDem se perd. Un "mariage de la carpe et de la carpette."
Tandis qu'à Dijon l'union PS/MoDem des deux hommes est consommée, François-Xavier Dugours, candidat officiel de l'UMP, est sous la menace d'une liste dissidente à droite, menée par un autre conseiller municipal UMP, histoire de "compenser" le rapprochement de Bordeaux. Les 20% du MoDem à Bordeaux ne pèsent pas le même poids qu'à Dijon: Bayrou penche toujours du côté du plus fort. Sans doute pour lui voler un peu de cette force. Il est pur et c'est un brave!
Qui a dit: "Alain Juppé est "un homme qui peut donner l'impression de rapports abrupts avec les gens mais je sais qu'il a bon coeur. C'est un bon maire (...) et Bordeaux, une des villes qui a le plus changé, a gagné en beauté, en équipements et en renom"? Qu'on le croie ou non, c'est… Bayrou! Et il n'a pas passé autant de pommade à Rebsamen. A Dijon, ni moutarde ni crème de cassis: à sec! Alain Rousset, le rival socialiste d'Alain Juppé aux municipales, s'en trouve soulagé…
Puisque le MoDem s'est rallié à Alain Juppé en Gironde, "il leur fallait une ville symbole à gauche", explique ce chef d'entreprise UMP "en campagne depuis 2001". Mais il n'a pas oublié que le MoDem a travaillé à la rédaction du projet de l'UMP jusqu'à début janvier. Et il promet de le rappeler aux électeurs Dijonnais du MoDem.
Un maire à temps partiel? VOIR et ENTENDRE:

N.B. Chanoine KIR (1876-1968)
'Kir' ne désigne pas seulement une boisson à la crème de cassis.
Le chanoine Kir fut maire de Dijon de 1945 à sa mort.
Il est un résistant de la première heure. Il défend ses concitoyens face à l'occupant allemand. Durant le conflit, il assure le ravitaillement de ses administrés. Il rend possible l'évasion de 5000 prisonniers de guerre français du camp de Longvic. Arrêté pour son activité de résistant, il est condamné à mort. Il force le respect du vainqueur par son cran et sa dignité. Gracié, il n'en continue pas moins son action clandestine. Arrêté une seconde fois, il est l'objet d'un attentat perpétré par la Milice. Grièvement blessé, il réussit à se soustraire aux recherches de la Gestapo décidée à le supprimer.
On lui décerne la citation à l'ordre de l'Armée lors de sa nomination au grade de chevalier de la Légion d'Honneur, en 1945.
A la Libération, le chanoine est naturellement élu
maire de Dijon. Conseiller général, député de la Côte-d'Or de 1945 à 1967, il est le Doyen d'âge de l'Assemblée Nationale de 1953 à 1967. Il meurt le 26 avril 1968. Il a alors 92 ans.

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