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mardi 24 avril 2007

Vers une réunion de la famille UDF ?

Les UDF Raffarin et Robien missionnés auprès de Bayrou

La tâche est ardue après la campagne de sécession menée par le président UDF, mais ses résultats au 1er tour lui permettent de revenir la tête haute dans le giron de droite : l’enfant prodigue y sera accueilli, d’autant que deux facteurs peuvent l’y aider. D’abord, son électorat ne lui appartenant pas, il peut le laisser libre de confirmer -ou non- sa poussée : la preuve par neuf ? Ensuite, l’optique de l’UMP consiste à considérer les électeurs de l'UDF comme des "gens libres" et à leur offrir de participer à "une majorité ouverte et accueillante".

Les estimations des intentions de vote des électeurs centristes en faveur de Nicolas Sarkozy le 6 mai varient très sensiblement selon qu’on penche du côté PS ou UMP. La Sofres, dans son sondage du 18 avril, en comptait 35 % (47 % préférant glisser dans l'urne un bulletin socialiste et 18% n'exprimant pas d'intention de vote). "Mme Royal peut fédérer une large part de l'électorat Bayrou", insistait l'institut LH2. Mais au sortir des bureaux de vote du 1er tour le 22 avril, l’Ifop-Fiducial annonçait 54% (contre 36%). Rien n’est donc joué et les sondages promettent d’être plus sournois que jamais…

Le candidat de l'UMP va donc rendre plus audible son discours humaniste, apte à conquérir les centristes. Il s'y est déjà employé, dès le 14 janvier, au milieu du brouillage des médias militants. Dimanche encore à Dijon, il proposa "un nouveau rêve français" et en promettant de "protéger les Français (…) qui ont peur de l'avenir, qui se sentent fragiles, vulnérables, qui trouvent la vie de plus en plus lourde, de plus en plus dure". Sans que les médias n'y prennenent garde (?), J. F. Kennedy a manifestement inspiré l'équipe de campagne UMP et les électeurs UDF devraient s’y retrouver.

C’est dans ce contexte que l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui en a discuté avec M. Sarkozy dimanche soir, est prêt à jouer les "Monsieur bons offices" pour faire vivre l'idée du "rassemblement élargi" autour de Nicolas Sarkozy. "Nous voulons gouverner avec une majorité ouverte, avec plusieurs pôles, y compris avec des gens de gauche", a rappelé cet ex-UDF, fondateur de l’UMP de 2002 et ancien chef de gouvernement n’est pas donc la personne la plus appropriée à une ‘combinazione’ UMP-UDF : c’est dire que le respect devra prévaloir. Ce n’est pas de la drague dans le style Rocard-Kouchner. Mais il promet d’ailleurs et par ailleurs, sans plus de précision, des ralliements également à gauche à la suite de celui, dimanche soir, d'Eric Besson, l'ancien secrétaire national à l'économie du Parti socialiste. "Dans l'esprit de la Ve République, la constitution d'une majorité présidentielle précède la majorité législative", affirme M. Raffarin. Engagement et loyauté en quelque sorte… Le ‘gagnant-gagnant’ est plus vrai que jamais …

Au-delà des bonnes intentions, l'UMP va probablement souffler le chaud et le froid. Le chaud, c'est Jean-Louis Borloo qui le ventilera. Dimanche soir, le ministre de l'emploi estimait, que "le message extrêmement important [du score de Fanfan Bayrou], c'est que, sur un certain nombre de sujets, les gens qui n'ont pas exactement les mêmes idées puissent travailler ensemble. C'est à l'évidence une ouverture politique." Le froid, c'est un UDF qui est chargé de le distribuer : Gilles de Robien, seul ministre UDF qui décida d’agir durant le quinquennat de Jacques Chirac, a pour mission de convaincre les deux tiers des 29 députés UDF de soutenir N. Sarkozy, en échange d'une clause de non-concurrence de l'UMP dans leur circonscription. L'objectif est "d'assécher" la représentation de l'UDF à l'Assemblée nationale pour contrôler la constitution d’ un groupe hostile. Dame Royal ne ferait pas autrement !

En contrepartie, le ministre de l'éducation nationale a obtenu, pour les futurs députés ralliés, un statut d'autonomie, voire d'indépendance, à l'égard de l'UMP. Dimanche soir, Gilles de Robien pouvait annoncer l’accord d’une douzaine d’élus ‘majeurs’ , sachant qu’avant le 1er tour cinq députés (Pierre-Christophe Baguet, Christian Blanc, Francis Hillmeyer, Olivier Jardé et André Santini) et deux sénateurs (Daniel Dubois, et Yves Pozzo di Borgo) avaient déjà signé son pacte. Les autres –une douzaine sur les 39, soit quelque 30% d’entre eux- souhaitent procéder avec la courtoisie qui convient entre les deux tours etprennent le temps de contacter leur président et de manifester à Bayrou le respect qui lui est dû à sa fonction. La ‘république du respect’, à droite, n’est pas annoncée parmi des ‘désirs d’avenir’, c’est une culture.

L’UDF n’est pas sans arguments, notamment sur le plan local. Les centristes ont les moyens de se faire entendre. Françoise de Panafieu, candidate UMP à Paris où l'UDF a obtenu 21 % des voix, aura besoin des suffrages centristes. "Je ne connais pas de maire d'arrondissement de droite qui n'ait pas d'adjoint UDF. M. Delanoë est plus avec les communistes et les Verts. Nous sommes plus avec l'UDF. C'est une évidence à Paris", confie, lucide, Mme de Panafieu. C’est vrai ailleurs et tout aussi valable dans les tractations avec le PS.

Or, la réaction spontanée de dédain de Sa Cynique Majesté Royal pour la proposition de Rocard et Kouchner d’une entente UDF-PS a laissé de profonds stigmates dans l’amour propre de Bayrou : il n'oublie pas qu’elle avait mandaté son maître du palais, François Hollande, pour lui exprimer son mépris.

Mais, nettement distancée par l’UMP et aussi déçue par la faiblesse des scores de ses alliés, Dame Royal se trouva ensuite contrainte de lancer un autoritaire « Venez ! » en direction de ses supplétifs centristes potentiels. Enfin, forçant sa nature et le regard détourné, elle leva les yeux au ciel et offrit sa main tendue… Bon courage !

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